TEXTES

SANS MOI


CE QUE J’AIME
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003, extraits)

J’aime bien les routiers quand ils bloquent les routes
Et font de ce pays une longue déroute

J’aime les marins-pêcheurs quand ils ferment les ports
Et les ambulanciers qui ne portent plus les morts

J’aime de l’agriculteur les barrages filtrants
Et ses hargneux blocus me paraissent épatants

J’aime la suffisance qui se voit comme le nez
Au milieu du visage de la modernité

J’aime bien quand un car de touristes se renverse
Bourré de jeunes Allemands ou de vieilles d’Anvers

J’aime le rolleriste qui s’écrase par terre
Et le trottinetteur qui part le cul en l’air

J’aime la pluie qui disperse les fêtes carnivores
S’il tombait de la merde ce serait mieux encore

Et tous ces vigilants des causes assurées
Qui se campent en héros de causes désespérées

Et j’aime l’asservi des chiottes médiatiques
Lorsqu’il voit démentis tous ses beaux pronostics

J’aime les sondages qui baissent et les cotes qui tombent
Et les bonnes opinions qui si vite retombent

Car c’est dans l’échec seul que la liberté vit
Et toute réussite bientôt l’anéantit



L’EXISTENCE DE DIEU
(Philippe Muray, Les Belles Lettres,2003)

Entre avant-hier et demain
Il y avait toujours tes mains
Parfum perdu doigts de satin
Je me souviens de ces matins

Entre vendredi et l’hiver
Je sentais battre tes artères
Lumière de l’être chair de ma chair
Notre bonheur était précaire

Entre lundi et l’univers
Il y avait des ciels amers
Cheveux froissés draps du matin
Je sens toujours courir tes mains

Entre tes seins et le lointain
On entendait chanter un psaume
Essor d’oiseau nuage carmin
Je me souviens de ce royaume

Entre le présent et tes reins
Mes appétits étaient sans fin
Fièvre passée murmure d’amour
Je te revois à contre-jour

Entre avant-hier et l’imparfait
Il y avait ton corps parfait
Années finies ciel immobile
Que notre joie était fragile

Entre novembre et le soleil
Tu étais comme un arc-en-ciel
Feu de ton ventre croix de tes yeux
Tu prouvais l’existence de Dieu




LÂCHE-MOI TOUT
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003)

Fous-moi donc la paix
Avec ma santé
Si je veux crever
Je t’ai rien demandé

Lâche-moi maintenant
Lâche-moi vraiment
Lâche-moi tout le temps
Lâche-moi réellement

Gros con malfaisant
Lâche-moi vraiment
On t’a rien demandé
Rends-moi mes amphés

Laisse-moi mes vices
Rends-moi mes délices
Mes boyards maïs
Civilisatrices

Rends-moi mes Gitanes
Sans filtre et sans reproche
Et que Dieu te damne
Ou bien qu’il t’embroche

Tu pues le respect
Et tu pues la haine
Va donc t’occuper
De ta mort prochaine

Tu ne survis plus
Qu’en te croyant beau
De ne fumer plus
Tu es un corbeau

Lâche-moi localement
Lâche-moi totalement
Lâche-moi carrément
Lâche-moi pleinement

Tu es le vautour
Du Social sacré
Qui voltige autour
De ma liberté

Tu as bonne mine
Avec ta bonne mine
Ta connerie divine
Qui crie la famine

Je t’ai rien demandé
Veux-tu décamper
Depuis trop longtemps
Tu me nuis gravement

Rends-moi mes plaisirs
Qui me regardent seul
Je n’ai pas désir
De ta très sale gueule

Occupe-toi de toi
T’occupe pas de moi
Quand je suis sans toi
Je suis comme un roi

Lâche-moi premièrement
Lâche-moi deuxièmement
Lâche-moi troisièmement
Lâche-moi tout le temps

Je suis sans effroi
Quand je suis sans toi
Je suis sans pourquoi
Je n’ai jamais froid

Je suis sans émoi
Quand tu n’es pas là
Tu menaces ma foi
Par pitié tais-toi

Va-t’en choléra
Laisse-moi ma santé
Je t’appartiens pas
Va te faire torcher

Je ne partage pas
Tes buts sur la terre
Je ne souhaite pas
De vieux os y faire

Surtout avec toi
Ce sera sans moi
Je ne demande pas
D’aide humanitaire

Lâche-moi simplement
Lâche-moi purement
Lâche-moi brusquement
Lâche-moi subitement

Restitue-moi tout
J’ai rien réclamé
Redoute mon courroux
Rends mes voluptés

Mes psychotoniques
Et mes narcotiques
Et mes antalgiques
Très béatifiques

Et mes stimulants
Psychostimulants
Anorexigènes
Qui effacent la peine

Ceux du tableau B
Ceux du tableau C
Substances toxiques
Des plus sympathiques

Et tous les dopants
Et les stupéfiants
Et tous mes élans
Et les neiges d’antan

Lâche-moi gentiment
Lâche-moi salement
Lâche-moi méchamment
Lâche-moi totalement

Tu portes malheur
Avec ton bonheur
Ton précautionneux
Abus dangereux

Oublie-moi Ducon
Mets-toi bien profond
Toute ton obsession
De la protection

Va donc te faire mettre
Va te faire omettre
Te faire oublier
Arrête de faire chier





10 SEPTEMBRE 2001
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003)

Il faisait chaud sous les tilleuls
De ce restaurant de Breteuil
Tu avais mangé du chevreuil
Et moi du lapin au cerfeuil

C’était une très belle soirée
Tu m’as dit on dirait l’été
Puis vers le ciel tu as levé
Soudain ton beau regard blessé

Quelque chose en haut s’annonçait
Mais tu paraissais plutôt gaie
Et pourtant tu as murmuré
Que tout te semblait terminé

Je crois que je n’ai plus envie
De poursuivre encore ma vie
La jeunesse maintenant a fui
Je dis adieu à ma survie

Je ne veux pas que tu me voies
Devenir vieille mois après mois
Je n’ai plus très envie je crois
De nous voir vieillir toi et moi

J’aurais bien voulu répliquer
Mais une panne d’électricité
Frappant d’un seul coup le quartier
Dans les ténèbres nous a plongés

Nos voisins ont alors chanté
De très bruyants Happy birthday
C’étaient les membres d’un congrès
Pour une mondialisation sans frais

Avec des gestes frénétiques
Ils guettaient l’arrivée classique
D’un gros gâteau automatique
Et ses bougies systématiques

C’étaient des crétins pacifiques
Ce n’était qu’une panne électrique
Et non le Jour de jours tragiques
De l’attaque apocalyptique

C’était une très belle soirée
On aurait presque dit l’été
Sous les étoiles se préparait
Un grand bond pour l’humanité

J’ai fait encore un calembour
Tu as retrouvé ton humour
Nous pensions encore mon amour
Que demain serait un autre jour





SANS MOI 1
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003, extraits)

Le moral des ménages qui a encore baissé
La crainte qu’on sent rodé sur les marchés boursiers
L’indice européen publié par l’Insee
Qui donne des résultats fortement dégradés

Sans moi ni moi ni moi
Ni moi ni moi ni moi

Le secteur aérien en chute continuelle
Qui entraîne avec lui l’industrie touristique
Dans la bourrasque affreuse d’une toute nouvelle
Épidémie de pneumopathie atypique

Sans moi ni moi ni moi
Ni moi ni moi ni moi

Je me garderai bien d’être si discourtois
Je dis sans moi sans moi
Ni moi ni moi ni moi

Librairie-bar à vin anti-consumériste
Où l’on trouve des tee-shirts vraiment non-conformistes
Aux slogans drolatiques parmi lesquels voisinent
Dans un joyeux fatras Bourdieu et Bakounine



FUTUR ETERNEL DE SUBSTITUTION
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003, extraits)

Nous aurons des journées nationales et mondiales
Nous aurons des journées régionales et fatales
Nous aurons des années locales et conviviales
Nous aurons des conneries quinquennales et florales

Même après le lendemain du premier jour d’Après
Quand les quatre horizons finiront de brûler
Par-delà le dégoût et par delà l’horreur
Nous aurons des journées comme à la première heure

Par delà le dégoût et par-delà les pleurs
Nous aurons des journées comme avant le malheur
Par-delà le dégoût et par delà ta peur
Nous aurons des journées pour faire battre ton cœur

Il nous restera tout puisque rien n’existait
Il nous reviendra tout puisque tout languissait
Rien ne sera fini puisque tu existais
Et rien n’existera puisque tu souriais

Et ta vie paraîtra toujours aussi bidon
Tout ce que nous avions nous l’aurons à foison
Rien ne s’évanouira je veux te rassurer
La fin du monde est douce elle est déjà passée

N’aie pas peur mon amour il restera le jour



C’EST LA RENTREE
(Philippe Muray, Les Belles Lettres,2003)

Les médiatique et leurs flicards
Les méphitiques et leurs tocards
Les hystériques en camping-car
Les amnésiques et leurs mouchards

Les colériques et les clochards
Les cubiques modiques au caviar
Les archaïques dans le coaltar
Et les crottes de biques en jaguar

Les rachitiques hypercritiques
Dithyrambiques d’arrière boutique
Les éclectiques hypothétiques
Les iniques monosyllabiques

Les avatars les plus jobards
Les tétards rongés du cafard
Et les vantards toujours en retard
Et les tortillards du braquemart

C’est la rentrée dans les pourtours
C’est la honte à tous les péages
Les enculés sont de retour
Leur persistance me fout la rage




TU L’AS VOULU
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003)

Tu as voulu
Être foutue
Tu l’as dans le cul
Tu ne te sens plus




MEZZANINE
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003)

Il était une fois
Un bel escalier
Rue des Possédés
Six marches de bois

Tu le monteras
Ce chemin de croix
Ce chemin vers moi
Ce chemin de roi

Et tu trouveras
Sous le vasistas
Car tu cries famine
Mes couilles et ma pine



CE QUE ME DIT TON CUL
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003, extraits)

Ton cul est au menu
De ce jour de paresse
Cent fois tu es venue
Me présenter tes fesses

J’attends ton pas rapide
En cette journée sordide
Où moi je suis avide
De tes caresses lucides

Tu sais bien comme moi
Que tout est terminé
Mais nous sommes encore là
Il faut bien s’enfiler

Rien ne reviendra plus
Les beaux jours ont passé
Rien ne remontera plus
Les temps sont pacifiés

Rien ne renaîtra plus
On n’ira pas plus oultre
L’univers est conclu
Et tu viens te faire foultre

On n’ira plus au bois
La fin a commencé
Montre-moi ton détroit
Il vaut mieux s’empaler

Rien ne s’inventera plus
Les lauriers sont coupés
Tes jarretelles sont foutues
Les lilas sont fanés

Au dimanche de la vie
Lorsque tout est fini
Tu viens entrebâiller
Ta clairière étoilée

À pas précipités
Lorsque tout se périme
Tu viens être victime
De ma lubricité

Si jeune ton cul pourtant
Est aussi très ancien
Doublement enchantant
C’est pour ça que j’y tiens

C’est qu’il rassemble en lui
Tout le passé perdu
L’Histoire révolue
C’est pour ça qu’il reluit

C’est pour ça qu’il retient
Dans son cercle charnel
L’écume universelle
Du passé diluvien

Et Caïn et Abel
Dans son trou torrentiel
Babel et Raphaël
Et tous les archipels

Le plaisir est parti
Il est tout où je suis
Lorsque tu t’étends là
Toute nue sur le sofa

Alors nous héritons
Ensemble et pour toujours
De ce monde sans pardon
Qui brillait comme le jour

De ce monde oublié
De ce monde rejeté
De ce monde sacrifié
De ce monde effacé

De ce passé maudit
Dont ils ne veulent plus
De ce vieux paradis
Qu’ils jettent aux détritus

De ces ciels calomniés
De ces heures démodées
De cette écume noire
Qui s’appelait l’Histoire

De ce monde abaissé
De ce passé blessé
De ce monde renié
De ce passé gommé

Ce passé renvoyé
Ce passé récusé
Ce passé licencié
Et sans indemnités

Nous sommes vivants encore
Car nous sommes aux abois
Tu es vivante encore
Car tu es hors-la-loi

Ton cul est au menu
De ce jour de paresse
Cent fois tu es venue
Me présenter tes fesses

J’entends ton pas rapide
En cette journée splendide
Où je suis à l’affût
De l’esprit de ton cul




SANS MOI 2
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003, extraits)

Des performances d’acteurs dans des installations
Visuelles et sonores d’artistes intervenants
Qui interrogent l’espace et les interventions
Des transmissions transmises chez les intervenants

Sans moi ni moi ni moi
Ni moi ni moi ni moi

Les femmes au silicone et leur trou aux hormones
De leur flore et leur faune elles te feront l’aumône
Les femmes au téléphone et leur beauté atone
L’harmonie règne enfin sous la couche d’ozone

Jean-René qui renoue avec la photo floue
Créateur inclassable qui veut marier Mickey
Avec le dadaïsme et le culte vaudou
Réinventant ainsi la dissidence vraie

Sans moi ni moi ni moi
Ni moi ni moi ni moi

Je me garderai bien d’être si discourtois
Je dis sans moi sans moi
Ni moi ni moi ni moi

Et le squat rénové de la friche musicale
Espace d’émergence pour programmes créatifs
Énergies collectives actes alternatifs
Dans le cadre d’un vrai projet municipal




LA COMÉDIE HUMAINE
(Philippe Muray, Les Belles Lettres, 2003, extraits)

Il est couleur fluo chez Papiers et Collés
Elle est Persépolis chez Précaire et Carré
Il est péteur de plomb chez Paniers et percés
Elle est association chez les désassociés

Il était bruit qui court chez plusieurs arguments
Elle était auxiliaire pour Partie seulement
Il était fréquence jeune sur Radio Danse du scalp
Elle était fongicide sur la route des Alpes

Il est de quoi je me mêle chez Devoir d’ingérence
Elle est plus jamais ça au Livre des Records
Il est toilettes publiques pour Devoir d’indécence
Elle est auxiliaire chez les Dents de la mort

Elle était eau potable chez Osmose et Filtrages
Il était symbolique chez Symbole et Carnage
Elle était standardiste dans le téléphone rouge
Il était roi des cons pour la reine des courges

Il est dernier quart d’heure chez les Comptes à rebours
Elle est couleuse de bielles chez Dissimilitude
Il est littérature contre la solitude
Elle est succès posthume chez Ça vaut le détour

Il était Roméo et vendait des pizzas
Elle était Juliette dans la pizzeria
Il était mise en scène de la sottise humaine
Elle était mise en bouche à la borne-fontaine

Elle est poème en prose sur post-it seulement
Il est metteur ailleurs au-dessous du volcan
Elle est metteuse en lieu le jour du ramadan
Il est chorégraphie chez les Emboîtements

Il est espace espace offert par l’agence Exprimez
Elle est marque sans marque chez Étiquette blanche
Il est jour sans achats chez Baisez protégés
Elle est très radicale chez Du côté du manche

Elle est mise en abîme chez Habitat d’hiver
Il est multifonction chez la Cause et l’envers
Elle est norme sexuée chez Parcours atypique
Il est déconstruction chez Pollution éthique

Il était discussion entre deux cartes à puces
Elle était mal en point chez Antidépresseur
Il était égaré aux confins de la peur
Elle était pas de contact chez Terreur des virus

Il est flûte enchantée le Jour des vieilles pivoines
Elle est hernie discale au Bar de L’Abondance
Il est plasticien le long des anciennes douanes
Elle est psychorigide sauf pendant les vacances

Elle était pompe le nœud chez Insulte sexiste
Il était c’est mon doigt chez Culbute fétichiste
Elle était jambes en l’air chez Images dégradantes
Il était culbuteuse chez les Intermittentes

Ils se sont rencontrés chez Pensée coup de poing
Ils se sont enlacés au festival du coin
Ils ont dîné ensemble aux Laboureurs d’étoiles
Ils sont entrés ensemble chez Collectage oral

Il a eu ses faiblesses chez Racines occitanes
Pour une preneuse de risques aux allures de tzigane
Elle-même s’est enflammée chez Contre-indication
Pour un preneur de son ennemi des conventions

Ils se sont séparés et c’est bien mieux ainsi
Sur des sonorités et rythmes d’aujourd’hui
Ils se sont retrouvés chez Dérailleurs de trains
Mais ils avaient perdu l’un et l’autre leur entrain

Elle était patrimoine lorsque tout a merdé
Il était évènement quand tout a chaviré
Elle était catastrophe quand ça s’est renversé
Il était grand écart quand elle s’est écartée

Il était fin finale quand ça a débuté
Elle était monde d’avant chez Regrets éternels
Il était et après quand ça a explosé
Elle était et alors dans le grand rire du ciel

Ils étaient maintenant chez Maintenant et maintenant
Ils étaient au présent chez Présent et présent
Ils étaient actuellement chez Actuel et actuel
Ils étaient au courant des dernières nouvelles

Ils sont plus rien du tout chez Nulle part et jamais
Ils sont clé sous la porte à Sans laisser d’adresse
Ils sont disparition chez Néant et paresse
Et tu es mon amour chez Toujours et après










LE CENTRE COMMERCIAL


20H00

Donnez-m’en à 20 heures
Des adolescents qui disparaissent
Des tremblements de terre à Los Angeles
Donnez-m’en je n’ai pas peur
De la misère et des CRS
Il n’y a vraiment que ça qui m’intéresse

Le monde est grand tout est possible
Et moi j’en ai du temps de cerveau disponible

Alors donnez-m’en
Donnez-m’en du divertissement
J’aime trop ça oui beaucoup vraiment
Je m’ennuie tellement

Donnez-m’en à 20 heures
Des attentats chimiques à Tokyo
Des faux réseaux pédophiles à Bordeaux
Donnez-m’en je n’ai pas peur
Et l’horreur c’est comme le porno
Alors donnez-m’en des tas de ground zero

Le monde est grand rien n’est impossible
Et moi j’en ai du temps de cerveau disponible

Alors donnez-m’en
Donnez-m’en du divertissement
J’aime trop ça oui beaucoup vraiment
Je m’ennuie tellement

S’il n’y a pas de morts
Je crois bien que ce soir
Il va falloir encore
Aller racheter à boire
S’il n’y a pas de morts
Je vais perdre l’espoir

Alors donnez-m’en à 20 heures
Des séries sur des tueurs en série
Et des épidémies en Sibérie
Donnez-m’en je n’ai pas peur
Des tsunamis à Miami
Ça passe le temps comme c’est pas permis

Le monde est grand non mais j’hallucine
Et moi j’en ai du temps de cerveau disponible

Alors donnez-m’en
Donnez-m’en du divertissement
J’aime trop ça oui beaucoup vraiment
Je m’ennuie tellement
Donnez-m’en…






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FIN SEPTEMBRE DEBUT OCTOBRE

Fin septembre
Début octobre
Elle dort
Dans une chambre en désordre

Fin septembre
Souvenir d’été
Souvenir d’avoir été

Car le jour
Peau de chagrin
Et l’amour
Inopportun
Cela ne fait pas l’ombre
La nuit qui vient
Et la pluie qui tombe
Comme un coup de poing

Fin septembre
Début octobre
Je sors
D’une chambre en désordre

Fin septembre
Fenêtres fermées
Et peut-être à tout jamais

Car le jour
Peau de chagrin
Et l’amour
Inopportun
Cela ne fait pas l’ombre
La nuit qui vient
Et la pluie qui tombe
Comme un coup de poing







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LA PUTAIN PUBLICITAIRE

Je suis belle ô mortels comme un rêve publicitaire
Une rose un parfum
Je ne suis pas jolie
Je suis pire

Et mes yeux sont d’un bleu
Very irrésistible
Plus profond qu’une carte bleue
C’est terrible
Je ne suis pas jolie
Je suis pire

Alors allonge pour que je m’allonge
Si t’as la voiture tu l’auras la femme
Alors éponge le désir qui ronge
Si t’achètes des chaussures tu sauveras ton âme

                                               I need your money honey
So I say
Hit me babe one more time
Like a bitch on a beach in the summertime

Il n’y a pas d’amour
Il n’y a que des preuves d’amour
Et moi je suis ta pute et ta soumise
En 4 par 3 dans une cuisine exquise

Alors allonge pour que je m’allonge
Si t’as la voiture tu l’auras la femme
Alors éponge le désir qui ronge
Si t’achètes des chaussures tu sauveras ton âme

                                               I need your money honey
So I say
Hit me babe one more time
Like a bitch on a beach in the summertime
Hit me babe one more time
Like a hore in the war ‘till the end of time







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LE CENTRE COMMERCIAL


Je m’étais perdu dans le centre commercial
Et dans la musique de l’ascenseur social

……….

Et c’est là je ne sais pas ce qui m’a pris dans le centre commercial
Ou enfin plutôt si
J’ai sorti un fusil dans le centre commercial
C’était comme au ralenti dans le centre commercial
Dans le centre commercial…







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LE DEGRE ZERO DE MON ECRITURE

Tu es ma plume
                   Costume
                            Écume
Mon coulis d’amertume
Tu es mon masque et mon sang d’encre
Ma brume
Mon humeur posthume

Quand tu écris ça pour moi…

Tu es ma rime
Haut des cimes
Abîme
It seems that you’re just like the dream
Tu es l’exception qui me confirme
L’abîme
Ma rime
Ma frime
   Quand tu écris ça pour moi…
                                                                                              Ma sobriété
Tu es mon âme
Femme
Petit drame
         Ma plastique
 Ma larme
Tu es mon creux mon merde si je veux
Mon atlantique à la rame

    Quand tu écris ça pour moi…


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LE MONDE A L’ENVERS


Je marche sur les mains
J’ai du sang sur le trottoir
Je raconte des chiens
Je promène des histoires

J’ai le temps assassin
Et l’avenir au hasard
Pour le reste on verra bien
Miroir ton plus suis ne je
Je ne suis plus ton miroir

J’ai mis le monde à l’envers
Et contre tous de travers
Fin la c’est si rien peux n’y je
            Et dans l’ombre sombre et les revers
J’ai mis le monde à l’envers
            Fin la c’est si rien peux n’y je

J’habite au 21
Mais j’ai perdu la mémoire
A philosopher en vain
Tu vois j’ai quitté ton boudoir

Je t’ai aimé demain
Je t’aimerai hier soir
Pour le reste on verra bien
Miroir ton suis plus ne je
Je ne suis plus ton miroir

J’ai mis le monde à l’envers
Et contre tous de travers
Fin la c’est si rien peux n’y je
            Et dans l’ombre sombre et les revers
J’ai mis le monde à l’envers
Assassin d’être rien peux n’y je
  





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LES YEUX SECS

Allez vas-y fais moi mal
Que je te montre un peu
Mon côté sentimental
Tiré par les cheveux

Allez vas-y déchire
Moi le cœur et les lettres
Qu’on aurait pu s’écrire
Je ne sais plus quoi me mettre

         Tu l’as voulu tu l’as ton mec
         Tu l’as voulu faudra faire avec
         Les yeux secs

Alors vas-y explose
Moi l’amour et le reste
Qui ne sent plus la rose
Fais ta sale petite peste
        
Et puis vas-y éclate
Toi et moi la gueule
Je tends la batte pour me faire battre
J’ai toujours été seul

Tu l’as voulu tu l’as ton mec
            Tu l’as voulu faudra faire avec
            Les yeux secs







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ON N’EST PAS À L’ABRI D’UN SUCCÈS

On n’est pas à l’abri d’un succès
On n’est pas à l’abri d’un succès
On n’est pas à l’abri d’un succès
On n’est pas à l’abri d’un succès

Et allez à qui le tour
De nous prouver son amour ?
Allez allez les gagneuses
Dans les autos tamponneuses
Et sur le Galactica
Des tickets de tombola
Grand huit des émotions
Qui veut gagner des millions ?

On n’est pas à l’abri d’un succès
On n’est pas à l’abri d’un succès

            Et en avant la kermesse
            Qui veut donner la messe ?
            Allez tous sur le booster
            Chacun l’aura son quart d’heure
C’est la loi de l’attraction
Faut l’attraper le pompon
Et la vue vaut bien le coup
Du haut de la grande roue

« Vous qui entrez par là laissez toute espérance
Mais sachez que 100% des gagnants auront tenté leur chance »

            Et allez tourner manège
            Qui est-ce qui offre du rêve ?
            Pas facile de réussir
            Rendez-vous au stand de tir
            Attention aux toboggans
            C’est dangereux c’est glissant
            Car si tu foires à la foire
            Pour toi c’est fini l’espoir

On n’est pas à l’abri d’un succès
On n’est pas à l’abri d’un succès
On n’est pas à l’abri d’un succès
On n’est pas à l’abri d’un succès








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SCÈNE DE CRIME

Dis-moi pourquoi tu pleures
Pauvre petite fille riche
Attachée au radiateur
T’as déjà l’air un peu moins drôle
Où sont tes amis célèbres
Ton sourire et ton rimmel ?

Allez dis-moi pourquoi dis-moi pourquoi tu pleures
My poor little sister
C’est fou la terreur que je t’inspire
Tu n’avais qu’à pas rire
Tu n’avais qu’à me parler
Je m’en fous c’est trop tard tu peux t’attendre au pire

Alors comme ça je suis un looser
Méfie-toi petite conne
Car si je te mange le cœur
T’auras l’air un peu moins love
Et tu verras c’est phénoménal
Y’aura ma photo dans le journal

Allez dis-moi pourquoi dis-moi pourquoi tu pleures
My poor little sister
C’est fou la terreur que je t’inspire
Tu n’avais qu’à pas rire
Tu n’avais qu’à me parler
Je m’en fous c’est trop tard tu peux t’attendre au pire

Non e possibile per favor
De tailler les hanches à la hache
Salvator
Et d’arracher l’épiderme de la femme moderne ?

Dis-moi pourquoi tu pleures
My poor little sister
C’est fou la terreur que je t’inspire
Tu n’avais qu’à pas rire
Tu n’avais qu’à me parler
Je m’en fous c’est trop tard tu peux t’attendre au pire
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs et je vais prendre ta douleur
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs
Je ne jouis que si tu meurs







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TEL QUEL


FUMER TUE


C'est un matin si tranquille j'allume une cigarette,
Il ne faut pas paraît-il mais c'est mon usage,
Je sais ce que ça fait, ouais t'inquiètes demain j'arrête,
Je ne voudrais pas nuire à mon entourage"

Mais c'est comme à l'accoutumée
Ma volonté s'envole en fumée
J'en meurs d'envie, j'en meurs, je sais ...

Ça va !
Qu'on ne me dérange pas !
Je sais que c'est écrit là
Mais c'est la seule attitude 
Qu'hélas on m'ait laissé par habitude 
Pour avaler mes solitudes 
Et c'est très bien comme ça !

C'est un matin si tranquille j'allume une autre cigarette,
La vie ne vaut, paraît-il, que si elle est dangereuse,
Je sais ce que ça fait, ouais t'inquiètes demain j'arrête,
Je ne la voudrais pas lente et douloureuse"

Mais c'est comme à l'accoutumée
Ma volonté s'envole en fumée
J'en meurs d'envie, j'en meurs, je sais ...

Ça va !
Qu'on ne me dérange pas !
Je sais que c'est écrit là
Mais c'est la seule attitude 
Qu'hélas on m'ait laissé par habitude 
Pour avaler mes solitudes 
Et c'est très bien comme ça !


 





 


SPLEEN

  Nouvel inédit de l'album BAUDELAIRE (2018) disponible sur les plateformes. Bertrand Louis - Spleen (bfan.link)