30 avril 2013

BERTRAND LOUIS ET SON DOUBLE: AUTO-INTERVIEW (1)






Après 5 albums, vous ne savez vraiment plus quoi faire pour que ça marche : en mettant en musique des textes de Philippe Muray, espérez-vous profiter de sa notoriété ?

La plupart des gens ne connaissent pas Philippe Muray, ou en ont vaguement entendu parler, rares sont ceux qui l’ont lu. Pour ma part, j’ai longtemps hésité à me marier à une actrice célèbre, à tuer quelqu’un ou à rentrer dans une église torse nu avec des inscriptions sur le corps du type « Bertrand Louis is the best and fuck all the rest ». J’ai finalement choisi de mettre Muray en musique. Le plus incroyable, c’est quand même que j’avais déjà composé la plupart des musiques quand j’ai découvert « Minimum Respect », cela s’est passé comme une évidence, c’est comme si je l’attendais.

 Comment l’avez-vous connu ?

Dans mon précédent album, j’avais mis en musique un poème de Michel Houellebecq qui en avait parlé lors d’une interview où il parlait également de Philippe Muray. Je me suis tout de suite procuré « Minimum respect » et ça a été un véritable coup de foudre. Ensuite j’ai lu tout le reste. J’avoue que je suis assez fier de l’avoir connu avant d’aller voir les lectures de Fabrice Luchini, qui m’ont d’ailleurs beaucoup plu.

Etes-vous un gros con de réac comme Philippe Muray ?

Le terme réac a été inventé par des imbéciles progressistes qui ne savent plus comment justifier leurs fameuses avancées sociétales qui cachent la réalité. La moindre critique ou pensée qui ne va pas dans leur sens est tout de suite rangée dans le camp des ringards fachos. Sinon, Philippe Muray n’était pas réactionnaire, il le dit et l’écrit haut et fort. « C’était mieux toujours » aimait-il dire.

Pourtant, vous utilisez de l’électro, ce qui est assez moderne. Etrange pour quelqu’un qui met en musique un anti-moderne.

L’électro dans la musique pop est apparu au début des années soixante-dix et l’on peut remonter plus loin encore si l’on parle des musiques dites savantes, donc cela commence à dater un peu. Je trouve « Minimum respect » bizarrement très moderne avec son côté parfois répétitif, coloré et extrêmement varié. Finalement en voulant décrire l’évolution des mœurs de notre époque en la détestant passionnément, Muray est parfois beaucoup plus moderne que les modernes.

Que vont penser les Murayens de cet album ?

Je n’ai pas la prétention de présenter une image juste et totale de Muray, ce qui est d’ailleurs impossible à mon avis, vu l’immensité du personnage. Ce disque est ma version, mon interprétation qui représente pour moi deux axes différents qui parfois se croisent : la détestation du monde et l’amour d’une femme. Il y a cependant une certaine bienveillance qui pointe parfois, comme dans la dernière chanson « La comédie humaine » et j’avoue que je ne sais pas si c’est moi qui l’ai créée ou si elle était déjà présente chez Muray.

Il y a une chanson qui s’appelle « L’existence de Dieu », vous êtes croyant ?

Il me semble que Muray était croyant même s’il en parlait peu. « J’écris plus pour déplaire aux anticatholiques que pour plaire aux catholiques » Encore une phrase typique ! Quant à moi, je pense que je suis athée, même si forcément je me pose des questions à mesure que le temps passe. En revanche, je conchie tous ces crétins subventionnés qui se croient subversifs en allant pourfendre la religion catholique. Pour la chanson « L’existence de Dieu », j’ai voulu rendre compte d’une certaine mystique, de révéler les correspondances qui se trouvent dans le texte entre le corps d’une femme, un instant d’éternité et l’existence divine. Pas évident de parler de ça, vous verrez ce que donne la chanson.

Il y a quelques chansons qui parlent de cul d’une façon assez crue…

Un journaliste très drôle et perspicace m’avait dit que mon dernier album manquait de cul. Le problème est réglé.

« Tu l’as voulu » c’est un peu n’importe quoi ce texte !

Un pied de nez Rabelaisien !

Il y a aussi beaucoup de gros mots !

J’aime les gros mots surtout quand ils sont mélangés à des choses plus subtiles.

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SPLEEN

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