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LA BIO DE L'ALBUM PAR PHILIPPE BARBOT
Il
y a des rencontres qui ne doivent rien au hasard. Question d'atomes crochus,
avec ou sans croches. Ainsi, la réunion aux sonnets de Bertrand Louis, artiste non conformiste et
chantre des travers de l'époque, et de Philippe Muray, philosophe du désespoir ironique et chroniqueur de l'absurdité moderne,
pouvait sembler inexorable.
C'est chose faite, à travers
"SANS MOI", un album mis en musique par le premier sur des textes du
second. Des poèmes corrosifs et tendres, sombres et flamboyants, sortes d'odes
au désastre contemporain, extraits d'un recueil intitulé "Minimum Respect", publié en 2003, peu avant
la disparition de son auteur.
Lorsque Bertrand Louis a eu le
coup de foudre pour l'œuvre de Philippe Muray, découverte via une interview de Michel Houellebecq, il avait déjà composé la
plupart des musiques. Puzzle idéal, les textes se sont imbriqués d'eux-mêmes
dans l'électro rock tissé de
guitares rageuses, de synthés sauteurs et d'un piano agile qui scandent tout l'album.
A l'image de l'opus précédent,
"Le Centre Commercial", romances noires contant le pétage de plombs d'une victime de
la société de consommation, "SANS MOI" évoque tout à la fois la détestation du monde et l'amour d'une femme.
De "Ce que j'aime", délectable inventaire à la Prévert des emmerdes
quotidiennes et apologie du bordel ambiant, à "La
Comédie humaine",
portraits croisés forgés d'expressions à la saugrenuité usuelle, en passant par
"Lâche-moi Tout", litanie
du laisser aller volontaire, c'est une symphonie
misanthrope aussi féroce qu'attendrissante, aussi acrobatique que désinvolte, que
propose Bertrand Louis dans ce cinquième album.
Avec des Moog qui mugissent, des
cordes qui malaxent l'oreille et des tas de gros mots qui grommellent. Avec la
participation de Lisa Portelli pour deux
chansons, dont l'une, "10 Septembre
2001" met en scène le naufrage
d'un couple à la veille d'une catastrophe nullement annoncée.
"On n'est pas à l'abri d'un succès", chantait Bertrand Louis
dans son précédent album. D'une réussite non plus. La preuve. (Philippe Barbot)
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