L’EXISTENCE DE DIEU
(Photo de Karine Burckel)
L’EXISTENCE DE DIEU
(Philippe Muray, Les Belles
Lettres, 2003)
Entre avant-hier et demain
Il y avait toujours tes mains
Parfum perdu doigts de satin
Je me souviens de ces matins
Entre vendredi et l’hiver
Je sentais battre tes artères
Lumière de l’être chair de ma
chair
Notre bonheur était précaire
Entre lundi et l’univers
Il y avait des ciels amers
Cheveux froissés draps du matin
Je sens toujours courir tes mains
Entre tes seins et le lointain
On entendait chanter un psaume
Essor d’oiseau nuage carmin
Je me souviens de ce royaume
Entre le présent et tes reins
Mes appétits étaient sans fin
Fièvre passée murmure d’amour
Je te revois à contre-jour
Entre avant-hier et l’imparfait
Il y avait ton corps parfait
Années finies ciel immobile
Que notre joie était fragile
Entre novembre et le soleil
Tu étais comme un arc-en-ciel
Feu de ton ventre croix de tes
yeux
Tu prouvais l’existence de Dieu